L’Antifragilité est un concept au cœur de la démarche de formation du Centre de l’Hormèse.
Néologisme créé par N.N. Taleb, l’antifragilité est une qualité que partagent tous les systèmes “ouverts”, c’est-à-dire en interaction et en dépendance de leur environnement.
L’antifragilité définit la capacité de ce système, tel qu’un organisme vivant, à tirer profit (amélioration) du caractère volatil de son environnement. Autrement dit, le vivant peut s’améliorer grâce au fait que les évènements extérieurs sont imprévisibles et lui demandent de s’adapter constamment.
Pour Taleb:
- est fragile ce qui peut se briser au moindre choc (comme une porcelaine);
- est robuste ce qui peut résister aux chocs (un objet en métal);
- est antifragile un système qui non seulement résiste aux chocs, mais se renforce S’IL SURVIT aux chocs.
La biologie et l’étude de l’Hormèse nous ont prouvé que nous ne sommes ni fragiles, ni robustes, mais antifragiles (par nature). Si nous souhaitons vivre notre plein potentiel et en adéquation avec les capacités que nous a donné la nature, nous ne pouvons nous permettre d’exclure l’imprévu et l’inconfort de nos vies.
Les contraintes ou obstacles que nous rencontrons sur nos chemins de vie, DEVIENNENT le chemin. Les éviter irait à l’encontre de notre nature antifragile, celle de s’améliorer lorsque nous surmonter une épreuve inattendue.
Ainsi, l’antifragilité entre en opposition frontale avec la conception actuelle de notre société de consommation, dans laquelle la recherche de la linéarité, du confort et la peur de l’imprévu sont la norme. Notre regard sur le monde, les phénomènes qui nous entourent et la manière de mener notre quotidien doit changer.
Au Centre de l’Hormèse, l’apprentissage même des différentes matières utilise ce concept: les élèves sont régulièrement placés dans l’inconfort de l’imprévisible et de l'inattendu, car dans cette contrainte se trouve l’opportunité de grandir.
“Les voies ascendantes sont joyeuses par essence et ardues par nécessité”
P. Franceschi, Éthique du samouraï moderne
Quelle est la signification de l'antifragilité ?
L'antifragilité est un terme popularisé par l'auteur Nassim Nicholas Taleb dans son livre "Antifragile: Things That Gain from Disorder" (Antifragile : Les choses qui profitent du désordre).
Contrairement à la fragilité, qui implique que quelque chose se brise sous le stress, l'antifragilité se réfère à la capacité d'un système, d'un individu ou d'une organisation à bénéficier du chaos, de l'incertitude et des chocs.
L'idée centrale de l'antifragilité est que certaines choses deviennent plus fortes en réaction aux perturbations. Plutôt que de simplement résister aux perturbations, elles en profitent pour s'améliorer et s'adapter.
Taleb nous permet ainsi de dépasser le concept de “résilience”, qui s’arrête à la simple capacité binaire de pouvoir surmonter ou non une épreuve. L’antifragilité est ce qui nous fait gagner en résilience.
Elle n’est pas un jugement de valeur sur les capacités d’une personne ou d’un système, mais bien une caractéristique de notre nature profonde.
Autrement dit: nous ne devenons pas antifragiles, nous le sommes déjà de facto. Notre attention doit maintenant se porter sur le fait de ne pas empêcher cette caractéristique de s’exprimer, en sur-optimisant notre environnement.
Taleb utilise l'exemple du "cygne noir" pour illustrer l’idée que dans notre existence, des évènements soudains et imprévus arriveront, quoi que nous fassions.
Faisant référence à des événements imprévisibles et majeurs qui peuvent avoir un impact profond, Taleb nous enjoint à cultiver au quotidien une démarche qui n’exclut pas le hasard ni l’inconfort, afin d’améliorer l'adaptabilité de nos différents systèmes internes.
C’est également vrai pour les systèmes non-vivants: l’économie, la réputation ou la finance, dont Taleb est un spécialiste.
En biologie, l'antifragilité peut être observée dans l'évolution des espèces.
Les organismes qui s'adaptent et se renforcent en réaction à des changements environnementaux difficiles et imprévus, s’ils y survivent, prospèrent. L'antifragilité biologique est plus connue sous le nom d’hormèse (voir page dédiée).
L’hormèse est essentielle pour la pérennité des individus et des espèces dans un monde en constante évolution.
L'antifragilité en philosophie :
En philosophie, l'antifragilité est liée à la résilience et à la capacité de trouver du sens et de la croissance dans l'adversité.
Les philosophes ont longtemps exploré comment les défis et les épreuves de la vie peuvent conduire à un développement personnel et à une compréhension plus profonde de soi-même et du monde.
Citons les philosophes stoïciens grecs puis romains: Sénèque, Epictète, Marc-Aurèle et le dernier des classiques: Montaigne.
Voici quelques lectures intemporelles qui sont de véritables guides, peu importe l’étape actuelle de votre chemin de vie. Vous y trouverez une sagesse universelle:
- Lettres à Lucilius - Sénèque
- Le Manuel - Epictète
- Pensées pour moi-même - Marc Aurèle
- Essais - Montaigne
- L'Éthique du samouraï moderne - P. Franceschi
Le pont entre philosophie et sciences est devenu une nécessité de nos jours, tant il a été brisé puis oublié ces dernières décennies.
Au sein du Centre de l’Hormèse, aucun cours de physiologie ou aucune pratique physique/manuelle ne sont dénués d’une approche philosophique. Ainsi, vous trouverez dans notre cursus aussi bien des cours d’anatomie que des leçons retraçant l’histoire de la pensée humaine au fil des âges.
L'antifragilité en économie :
En économie, l'antifragilité concerne la robustesse des systèmes financiers et économiques face aux crises. Les systèmes qui sont conçus pour résister aux chocs sont toujours fragiles car un choc d’une grandeur imprévue jusqu’alors finira toujours par arriver.
La suroptimisation des systèmes financiers n’a pas permis au secteur de s’adapter à la crise des Subprimes en 2008 et plusieurs banques se sont effondrées. Taleb avait anticipé cette non-adaptabilité des entreprises qui s’étaient bâties sur la recherche à tous crins de linéarité.
Inversement, un système ou une entreprise qui ne sur-optimise pas ses stocks, manage ses équipes en les confrontant à de l’imprévu, diversifie ses activités et ses secteurs d’expertises saura rebondir et s’adapter à une crise (Cygne Noir), et même se renforcer grace à celle-ci.
L'antifragilité en sciences et neurosciences :
En sciences et en neurosciences, l'antifragilité peut être observée dans la manière dont les systèmes complexes, tels que le cerveau, se renforcent à travers l'apprentissage et l'exposition à de nouvelles expériences.
Les connexions neuronales se renforcent à mesure que nous sommes exposés à des défis intellectuels.
Ce phénomène se nomme la plasticité neuronale. Il s’agit de notre capacité à changer l’architecture même de nos réseaux de neurones, afin de créer de nouvelles connexion qui nous permettront:
- la mémorisation
- l’apprentissage moteur d’un nouveau mouvement
- le gain en force
- l’amélioration de la coordination
- l’apprentissage théorique
-l’apprentissage théoriquedans le fait même d’apprendre sont donc des conditions sine qua non pour permettre cette hormèse interne.
Au Centre de l’Hormèse, les élèves expérimentent continuellement cet aspect dans la méthodologie même du cursus: le format des cours les surprend, les transmissions sont parfois nécessairement ardues, mais toujours passionnantes, afin de cultiver chez l’apprenant le goût de l’effort qui va créer la croissance individuelle.
L'antifragilité en métaphysique et dans la nature :
En métaphysique et dans la nature, l'antifragilité est souvent associée à des principes d'ordre et de chaos. Certains systèmes naturels, comme les écosystèmes, semblent devenir plus riches et plus diversifiés à la suite de perturbations.
Dans les années 70, le chercheur en chimie Ilya Prigogine obtient le prix Nobel pour son concept de structures dissipatives. Celles-ci sont la représentation même de l’antifragilité dans la nature, plus précisément en chimie.
Les recherches de Prigogine ont démontré qu’un système complexe connaît une organisation plus efficiente loin de son état d’équilibre.
Une perturbation (stress) de faible intensité semble désorganiser le système et ainsi créer du désordre (chaos).
Cependant, en augmentant l’intensité du stress, passé un certain seuil, le système change de structure radicalement pour modifier son organisation qui devient plus efficiente qu’à son état d’équilibre.
Ainsi, le domaine de la chimie et des sciences de la nature nous enseigne que l’augmentation des contraintes peut créer l’amélioration des organismes vivants. Nous le constatons dans l’étude des systèmes racinaires des arbres, des bactéries, de l’adaptation des virus ou même à notre échelle.
Au Centre de L’Hormèse, les cours tels que l’agro-foresterie ou la permaculture font directement références à cette analyse du comportement des environnements naturels, et sont mis en liens avec les cours sur l’étude des tissus humains (histologie) ou encore de l’embryologie.
L’étude des lois du vivant est profondément universelle et transversale.
L'antifragilité en physiologie :
Comme nous l’avons vu, l’antifragilité est à rapprocher de la loi de l’Hormèse en physiologie.
L’étude du vivant repose en grande partie sur les trois grands principes que sont:
- l’homéostasie: la force d’un organisme vivant à continuellement chercher un retour à certaines normes (la force qui équilibre);
- l’hormèse: la capacité de cet organisme à se renforcer lorsqu’il est soumi à une contrainte et qu’il y survit (ce qui renforce);
- l’homéorhésie: est le concept qui actualise celui d’homéostasie, aujourd’hui dépassé.
L’homéorhésie, tel que décrit par les scientifiques tels que Jean Piaget ou Lynn Margulis, nous enseigne que les organismes vivants tentent de se maintenir dans une dynamique. Aucun point de retour ni de situation connue, mais un flux inarrêtable d’adaptations à l’environnement continuellement changeant avec lequel l'organisme est intriqué.
En physiologie, l'antifragilité peut être observée dans la réponse du corps à de nombreux stimuli, tels que l'exercice physique (effort), l’exposition volontaire au froid, au chaud, à la pratique de l’apnée ou encore à la privation volontaire de nourriture ponctuelle (jeûne et jeûne intermittent).
L'antifragilité est un concept complexe mais puissant qui nous invite à repenser notre compréhension du changement, de l'incertitude et de la résilience.
Elle rejoint la philosophie sous-jacente à la naturopathie - matière enseignée au Centre de l’Hormèse. Suivre la voie de la nature, c’est comprendre et accepter que l’aspect volatil et imprévisible de notre environnement nous est VITALE.
Supprimer les imprévus et rechercher le confort comme objectif ne peut que nous nuire sur le long terme.
L'antifragilité, un concept introduit par Nassim Nicholas Taleb, est une idée puissante qui transcende de nombreux domaines de la vie, et rejoint la biologie et la physique en se rapprochant des phénomènes d’hormèse, de structures dissipatives ou encore d’homéorhésie.
Elle nous pousse à repenser notre relation avec le chaos, l'incertitude et les perturbations.
Contrairement à la fragilité, qui craint et résiste à ces facteurs, l'antifragilité embrasse le désordre comme une opportunité de croissance et d'amélioration.
Ainsi, au CH, nous considérons que chacune et chacun peut cheminer vers sa propre amélioration et son propre renforcement intellectuel comme physique.
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